#2 Dans les coulisses… d’un atelier de couture zéro déchet.


Tu connais sans doute mon intérêt pour les produits zéro déchet. Lors de mon dernier article je te parlais de cosmétiques solides. (Si tu ne l’as pas encore lu tu peux le retrouver ici).


Cela fait de nombreuses années que j’ai troqué les flacons, tubes et autres accessoires en plastique de ma salle de bain contre savon, shampoing et dentifrice solide, brosse à dents et étui en bambou, peigne en bois, cotons tiges réutilisables et chouchous en tissu.

Je suis en permanence à la recherche de solutions concrètes, pratiques et durables pour réduire mes déchets. Aujourd’hui j’aimerais jaspiner (oui, j’ai décidé d’enrichir davantage mon vocabulaire) un peu sur les accessoires en tissu et autres alternatives au plastique. Je t’amène donc avec moi à la rencontre de Carole, une couturière autodidacte, fondatrice de la marque Broderies Paul et Virginie

Le contexte.  


Je vis à La Réunion depuis un an et demi et quand j’ai aménagé dans mon chalet sur les hauteurs de l’île, j’y ai découvert un Marché Artisanal sur la côte ouest, au coeur du centre-ville de Saint Leu. Une ville balnéaire et touristique où il fait bon vivre.

C’est à « L’Ilet Créateurs », une boutique d’artisans et de créateurs locaux que j’y ai découvert les jolis accessoires zéro déchet en tissu de Carole. J’ai de suite été attirée par ses cotons aux imprimés exotiques et colorés où les motifs tropicaux côtoient les wax, les motifs cashmere et les imprimés japonisants comme le motif géométrique Saki et les vagues Seigaiha. 

D’abord cliente. 


J’ai été bien vite convaincue par ses produits : lingettes démaquillantes réutilisables en éponge bambou, serviettes hygiéniques lavables, bee-wrap, essuie-tout en tissu, sac à tarte…

C’est enthousiaste que je suis sortie de la boutique avec les produits et les coordonnées de Carole. 

Dans les coulisses d’un atelier de couture zéro déchet. 


Ma rencontre avec Carole. 


Tout s’est enchaîné très vite et je me retrouvais soudainement propulsée dans son atelier de couture dans le sud de l’île. J’en ai profité pour lui poser une série de questions.

La couture dans la peau.


Carole lance Les broderies Paul et Virginie en 1998 mais c’est à partir de 2007 que la marque prend de l’ampleur. 

Le début des accessoires zéro déchet. 


Contrairement à ceux qui suivent les tendances, Carole commence à créer ses premiers produits zéro déchet il y a une dizaine d’années… pour éviter de jeter ses chutes de tissu. Les premières lingettes démaquillantes réutilisables voient le jour. 

Pour la planète… et la santé. 


Elle adhère à cette idéologie du zéro déchet. Elle récupère ses chutes, utilisent des cotons imprimés aux encres non nocives pour la peau et sélectionne des cotons au label Oeko-tex standard 100 (la norme Oeko-Tex, créée en 1992, permet de contrôler la qualité d’un textile en s’assurant notamment qu’il n’y a aucune trace de produit nocif pour notre santé : phtalates, bisphénol A, pesticides, perturbateurs endocriniens, métaux lourds… le standard 100 est quant à lui le nombre de contrôles effectués pour tester plus de 300 substances en prenant en compte des critères stricts et spécifiques). 


Carole choisie également des tissus en éponge bambou fabriqués en partie avec de la fibre de bambou car cette plante bénéficie d’une croissance rapide (jusqu’à un mètre de pousse par jour !) et se révèle plus écologique et respectueuse de l’environnement (l’utilisation de produits chimiques et l’irrigation intense sont inutiles). 

La fibre de bambou comporte également d’autres avantages : Le bambou est 3 à 4 fois plus absorbant que le coton et c’est aussi une fibre respirante (idéale pour les serviettes hygiéniques par exemple). La fibre de bambou possède des propriétés antibactériennes et également plus douce que le coton, parfait pour des lingettes démaquillantes. 

Les serviettes hygiéniques lavables…


Pas très propre ?


Je ne parle pas de serviettes hygiéniques lavables mais de notre consommation mondiale de serviettes hygiéniques jetables. En fait, chaque année c’est 45 milliards de serviettes hygiéniques qui sont jetées dans le monde (selon Group’Hygiène, l’organisme professionnel français des produits à usage unique pour l’hygiène, la santé et l’essuyage). C’est catastrophique. 


Selon Greenpeace, il faut 500 ans à ces produits hygiéniques pour se dégrader, autant qu’une bouteille en plastique. D’autres protections intimes comme les tampons sont composées de coton (le plus souvent venu d’Inde, des États-Unis ou de Chine) génétiquement modifié. De plus, la production de coton est gourmande en eau puisque c’est la troisième consommatrice mondiale d’eau d’irrigation après le riz et le blé. 

Et ce n’est pas tout. 


Rappelons que dans un pack de serviettes hygiéniques, les serviettes, les emballages individuels et le packaging sont composés de plastique non recyclable, de matières synthétiques… ou de dérivés de pétrole.

En 2016, le magazine 60 Millions de Consommateurs pointait du doigt la présence de résidus toxiques dans les protections périodiques, mais également l’opacité quant à la composition de ces produits de la part des fabricants. S’en est suivi un rapport sur les risques chimiques des protections hygiéniques mené par l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail).

Cette étude a permis de confirmer la présence de résidus toxiques tels que des phtalates, du glyphosate et d’un grand nombre de pesticides dont certains interdits en Europe.


Les alternatives. 

Cup, éponge, culotte menstruelle, serviettes hygiéniques lavables… les alternatives existent. 

Et les lingettes démaquillantes jetables en coton, on en parle ? 


Puisqu’il y a aussi de fortes chances pour que le coton des lingettes démaquillantes provienne de champs de coton génétiquement modifié, je te recommande des lingettes démaquillantes lavables et réutilisables, de préférence en fibres de bambou (sinon en coton avec le label Oeko-Tex standard 100).

Les dangers du film alimentaire pour nos océans et la vie aquatique.


23 millions de tonnes de plastique sont déversées dans les eaux chaque année. (Tu peux retrouver quelques-uns de ces chiffres édifiants sur mon article Fish moi la paix !). À ce rythme-là, autant privilégier le circuit court et nourrir directement les animaux marins de sachets plastiques, films alimentaires et autres joyeuses douceurs des mers. 

Plus sérieusement, nous pouvons tous adopter de nouvelles habitudes aussi infimes soient-elles que de boycotter le film alimentaire pour des charlottes en tissu ou des bee-wrap.  

Papier mâché. 


Selon Nielsen (leader mondial de la mesure d’audience, des données et de l’analyse), le papier essuie-tout représente 549,2M de chiffre d’affaires en 2016 avec une évolution de 1.7% par rapport à l’année précédente. 

Personnellement, je ne souhaite pas engraisser davantage les industriels comme Sopalin, Lotus, Okay ou Le Trèfle… et les mastodontes qui les distribuent (Groupe Carrefour, E. Leclerc, Auchan…). 
D’autre part, ces usines sont des gouffres pour la planète (consommation d’eau, emprunte carbone, déchet non recyclable…).

Je préfère investir dans un rouleau d’essuie-tout lavable et réutilisable en éponge bambou fabriqué avec amour par ma créatrice préférée. 

Néo-écologie, éco-matériau & décroissance. 


Le mot de la fin. 


Aujourd’hui je me contrefiche des tendances. Ma formation de stylisme et mon école prestigieuse, mes moodboards et autres carnets de tendance me semblent bien futiles et dérisoires. J’accorde plus d’importance à la durabilité et à l’efficacité d’un produit ainsi qu’à son impact environnemental. Je parlerais même de responsabilité et d’utilité sociale car je crois que chacun à le pouvoir (le devoir ?) de changer le monde, à l’échelle de sa communauté, de sa ville ou de sa région, comme Carole et tant d’autres artisans, créateurs ou ingénieurs. 


C’est comme une transcendance, où dépasser le nuage de fumée, lever le voile encombrant qui nous obstrue la vue devient un rite parfois douloureux mais nécessaire.   

***


Tu peux retrouver la page Facebook de Carole ici :
https://www.facebook.com/broderiesPauletVirginie

Et découvrir ses produits à de nombreux points de vente à La Réunion :


Sud 

Nord

Ouest

Est

À bientôt, 
Elodie 

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