Le syndrome du gobelet Starbucks

Tu as un rituel. Chaque matin, avant d’aller au boulot tu sors du métro et tu te diriges tel un taureau dans une corrida vers ton Starbucks préféré.

Arrivé au comptoir ton coeur balance. Une part de carrot cake ou le donut à 300 Kcal ? Hmm, pas facile. Tu ressors avec ton Latte, un donut et ton prénom mal orthographié sur ton gobelet. Antwan ? Cool.

Et là, tu sors ton iPhone 11 de ta poche, tu prends ton gobelet en photo et tu la postes sur Insta. Normal. (Si t’es une nana tu as pensé au préalable à faire ta manucure assortie au nappage de ta pâtisserie préférée.)

Evidemment tu te sens comme le gars ou la nana la plus cool. Tu tiens ton gobelet en carton bien en évidence même si tu dois en avoir une crampe au bras. Tu reçois un coup de fil au même moment… ça tombe bien ! Tu t’empresses de faire savoir à ton interlocuteur d’un air faussement blasé “ouais, désolé j’étais au Starbucks, ça a pris plus de temps que prévu. La personne devant moi demandait au Barista ce que c’était un Latte. J’te jure, dans quel monde on vit.”

Tu te sens l’âme d’un new-yorkais traversant la 5ème avenue. Si t’as un journal sous le bras c’est encore mieux. Tu as une préférence pour Le Monde plutôt que la Dépêche du Midi.

Bref, tu te la pètes. 

On est d’accord, quand tu vas au Starbucks ce n’est PAS pour le café.

Starbucks ne vend pas du café. 

Elle te vend le sentiment d’appartenance à un groupe.

“A third place.”

Le troisième lieu.

La firme veut « offrir une expérience consommateur. » C’est la raison pour laquelle tu n’es pas allé chez Paul, au Pain Quotidien, à la Brioche Dorée ou au McCafé du coin.

Sur Instagram c’est flagrant. C’est le média préféré pour les aficionados de la marque. 

Quelques exemples de hashtags :  

#starbuckscups : 115k 
#starbuckstumbler : 419k 
#starbuckslover : 456k

Starbucks sans frontières. 

#starbuckscanada #starbucksusa #starbucksjapan #starbuckstaiwan #starbuckssingapore #starbucksmalaysia…
La liste de hashtags est interminable. 

Et Paul ? 

De Paul Walker à Paul McCartney du temps des Beatles en passant par Paul Pogba en compagnie de Cristiano Ronaldo… – tient, ton pote Paul avec ses 233 abonnés à réussi à passer entre les mailles du filet de l’algorithme Instagram – les photos de café-croissant se font rare avec le hashtag #paul. 

Paul n’a pas la vocation « d’offrir une expérience consommateur. »
Paul vend du bon pain et des viennoiseries selon la tradition française depuis 5 générations. 

“Everyday is Starbucks day.”

“J’adore ! Je viens ici tous les jours. Tous ceux qui travaillent ici sont tellement sympas, ils connaissent mon prénom !”
Commentaire d’une fan de la marque 

Paye ton image.

Le sentiment d’appartenance à un prix : 3.95€ (minimum pour le petit gobelet). 

Si tu prends un café chaque jour de la semaine admettons du lundi au vendredi tu as dépensé pour 19.75€ en une semaine. 

Voici ce que ça peut te coûter sur le long terme…

Sur 1 mois : 79€
Sur 1 an : 948€
Sur 10 ans :  9 480€
Sur 20 ans : 18 960€
Sur 30 ans : 28 440€ 

Selon une étude de SMG Insight/YouGov la moitié des Français est incapable d’économiser plus de 50€ par mois. 

“The best coffee for the best you.”

Avec ceci, ce sera tout ?